C'est peut-être le jour où le "Kara Te" a été reconnu, mais c'est aussi le jour où, à mon sens, le véritable esprit de l'Okinawa Te, ou du RyuKyu Te, a commencé à se dissiper. L'introduction du karaté dans le programme d'éducation physique à Okinawa puis au Japon a certes popularisé cet art martial, mais il a aussi été édulcoré, perdant ainsi une partie de son essence originelle.
Le Sensei CHINEN Kenyu, maître auprès duquel j'ai eu le privilège de me former pendant près de 36 ans, a toujours été un ardent défenseur des arts martiaux traditionnels d'Okinawa. Il m'a transmis non seulement les techniques, mais aussi la philosophie, la culture et l'histoire d'Okinawa. Aujourd'hui, alors qu'il est retourné à Okinawa pour poursuivre sa mission, je ressens la nécessité de partager et de défendre cette tradition riche et profonde.
Le kobudo, ou l'art des armes, est indissociable du karaté. Un véritable Bushi okinawanais devrait être capable de se défendre avec ou sans armes. La division artificielle entre le karaté et le kobudo, probablement due à des raisons économiques ou politiques au XXe siècle, a malheureusement privé de nombreux pratiquants d'une dimension essentielle de cet art martial.
Je ne prétends pas détenir la vérité ultime sur ces sujets. Mais avec humilité, persévérance et courage, j'espère contribuer à une prise de conscience. Loin de moi l'idée de critiquer ou de rejeter les évolutions modernes du karaté, mais je crois fermement qu'il est essentiel de reconnaître et de respecter ses racines.
Alors, en cette journée du "Karate no Hi", je vous invite à la réflexion. Célébrez si vous le souhaitez, mais prenez également un moment pour méditer sur la véritable essence de cet art qui nous passionne tant. Puisse cette passion nous guider vers une pratique authentique et respectueuse des traditions d'Okinawa.
Thierry MICHEL
Professeur Oshukai Strasbourg